Charli xcx

Pop star aussi anticonformiste qu’ambitieuse, la princesse de l’hyperpop Charli xcx est la preuve vivante qu’une autre pop, qui ne néglige pas les scènes émergentes et ne renonce pas non plus au mainstream, est possible.  Charli xcx, de son vrai nom Charlotte Emma Aitchison, née le 2 août 1992 à Cambridge (Angleterre), commence à écrire ses propres chansons lorsqu’elle a 14 ans. Elle choisit comme nom de scène Charli XCX (qui deviendra xcx pour l’album brat), son pseudonyme sur MSN, pour ses premières performances lors de rave parties. Elle sort plusieurs singles, mixtapes et albums autoproduits avant d’obtenir un premier succès en 2012 avec « I Love It » du duo suédois Icona Pop, qu’elle coécrit et sur lequel elle chante aussi. Après True Romance (2013), un album électro-pop où elle expose sans fard sa vie amoureuse, elle écrit pour Iggy Azalea (« Fancy », un des grands tubes de l’année 2014), Sky Ferreira, Neon Jungle, Rihanna ou Gwen Stefani et s’impose comme une des plus belles promesses de l’industrie pop avec SUCKER, publié en 2014. Mais elle renie vite la pop punk criée de SUCKER comme ses premières productions, qu’elle juge peu authentiques, et se rapproche d’un collectif à l’influence grandissante, PC Music (A.G. Cook, SOPHIE), davantage guidé par la vision et la créativité des artistes. « Don’t think of consequences ’cause they’re never gonna stop me » : en 2016, l’EP Vroom Vroom de Charli marque un tournant stylistique, avec une pop disruptive et avant-gardiste, à l’esthétique hyperpop (voix sous hélium, samples industriels, changements incessants de rythmes et de tempo). Le disque est produit par la regrettée SOPHIE, toujours considérée comme la figure ultime, sinon la créatrice, de l’hyperpop, un sous-genre musical en 2016, mais qui a su, depuis, se faire une place dans le mainstream grâce à Charli. La chanteuse avance alors comme une anomalie incomprise par les masses, mais célébrée en tant que messie de l’avant-pop par les cool kids. Elle alterne bangers festifs et chansons introspectives sur Charli (2019), dépeignant sans filtre les insécurités et la fragilité assumée d’une artiste à succès sur How I’m Feeling Now écrit, enregistré, produit et publié durant le premier confinement de 2020. Et si l’album Crash — de la pop bubblegum sucrée jusqu’à l’overdose — se crashe bel en bien en 2022, brat, deux ans plus tard, se révèle un phénomène musical, mode, sociétal et même politique. Avec son album vert néon, elle remet au goût du jour le mot « brat » — « sale gosse » en anglais — pour en faire une ode aux fêtes chaotiques, tout en y incorporant les questionnements d’une génération et une invitation à l’acceptation de soi. Produites par A. G. Cook, Easyfun, Hudson Mohawke et Gesaffelstein, les chansons hyperpop, electroclash, pop, acid house et dance de brat font revivre le plaisir des pistes de danse colorées et des alcopops trop sucrés qui restent au fond de la bouche, dans un mix inédit de vanité insolente et de prises de recul introspectives. En se détachant de l’industrie, Charli a trouvé sa propre voie : « Cult classic, but I still pop », comme elle le dit sur « Von dutch ».